Dans ses rêves, dans ses songes cette nuit là, cette courte nuit, il avait oublié que le réveil serait difficile. Il avait sous-estimé les conséquences de ses actes. Il n’était pourtant pas du genre impulsif. Il n’était pourtant pas du genre irréfléchi. Mais cette nuit là, il avait perdu le contrôle. Et il n’avait bu que trop peu pour remettre la cause sur une prétendue ivresse. Non il n’était pas ivre. Et son réveil aurait pu être parmi les plus doux s’il n’avait pas dû se rendre à l’évidence. Il avait passé une excellente soirée, durant laquelle il s’était rapproché d’une jolie jeune femme, d’une jolie jeune fille. Il s’était senti bien, parfaitement bien et avait quitté ce monde quelques heures, oubliant parfaitement qui il était et ce qu’il aurait dû faire, s’il avait écouté sa raison et la morale d’une société aux mœurs parfois douteuses. Il avait invité cette jeune femme chez lui, chose qu’il ne faisait jamais. Son chez lui n’avait pas à s’ouvrir à de simples conquêtes. Leur nuit avait été parfaite. Elle n’avait pas eu à avouer qu’il s’agissait de sa première fois. Il l’avait deviné. Dans ses gestes hésitants, dans ses tremblements légers, dans ses regards inquiets. Et il avait pris soin d’elle. Avec ses quelques années d’expérience, il lui avait offert le meilleur d’une nuit d’amour. Et le réveil avait été aussi doux qu’affreusement douloureux. La réalité lui été revenu de plein fouet. La jeune fille brune se trouvant dans ses bras n’était pas majeure. Elle n’avait que 16 ans, soit 8 ans de moins que lui. Et elle était son élève à Poudlard. Une des élèves les plus populaires. Une des élèves les plus convoitées de l’école. Combien de type, plus jeune que lui, aurait aimé lui prendre sa première nuit ? Avait-elle vécu cette nuit avec lui, juste pour la fougue d’être avec un homme plus âgé ? S’apprêtait-elle à s’en vanter auprès de ses amies dès qu’elle serait de retour à Poudlard ? Ezechiel n’avait plus aucune certitude ce matin là. Finalement il ne la connaissait que très peu. Il savait en plus de cela qu’elle ne l’avait pas porté dans son cœur à son arrivé en tant que professeur. Il avait vu les autres filles le dévorer des yeux tandis qu’elle le maltraitait ouvertement. Etait-ce un piège dans lequel il venait de tomber allègrement ? Au réveil de la gamine, en découvrant son regard encore tout endormi, il avait appris à lui faire confiance. Sans même qu’elle ne dise quoi que ce soit, il avait cessé de douter. Elle n’était pas ce genre de fille. Elle pouvait avoir l’air arrogante et superficielle dû à sa côte de popularité au sein de l’école, mais cette nuit, elle lui avait donné sa première nuit, la plus importante, et elle n’en ferait pas un vulgaire jeu, un vulgaire pari. C’était plus que cela. Au mieux, tout cela devrait rester un agréable souvenir. Un souvenir… C’était ça l’idée. La douloureuse idée du réveil. Ils s’étaient câlinés, leur nuit d’amour n’était pas si loin et ils devraient bientôt se séparer pour de bon, pour toujours. Et ils avaient discuté. Il était son professeur, elle était encore trop jeune. Cette nuit pouvait lui coûter sa carrière et elle devait faire ses expériences avec des jeunes de son âge. Elle devait grandir avec des jeunes de son âge. Bon nombre de garçons auraient voulu la place du professeur et bien plus encore. Elle devait vivre son amour autrement que dans le secret. Cette nuit était une erreur, bien qu’elle n’en ait pas du tout l’air. Ils devaient tout deux l’oublier et avancer chacun de leur côté. C’était tout ce qu’ils s’étaient dis ce matin là avant qu’elle ne parte pour rejoindre le château qu’elle avait déserté pour une nuit. Que dirait-elle à ses amis pour expliquer son absence toute une nuit durant ? Lui n’aurait à se justifier auprès de personne. Dans son souvenir, ils avaient rapidement quitté le bar qui les avait rapproché. Personne ne les avait vu. Il n’aurait pas à se justifier. Il pourrait reprendre sa vie comme si rien n’était. Du moins il le pensait. Et pourtant, les jours passant, l’inquiétude montait. Parce qu’il ne l’avait pas revu. Elle n’était pas revenue à son cours. Depuis une semaine il n’avait même pas entendu parler d’elle aux détours d’un couloir. Que faisait-elle ? Et avec qui ? Il devait chasser ses questions chaque fois qu’il se retrouvait seul. Chaque soir, il cherchait à s’occuper, invitant ses collègues et amis à boire un verre dans un bar ou chez lui. Pour ne pas être seul.

Ce soir là, il n’eut pas à inviter qui que ce soit. Une ancienne amie, rencontrée par hasard dans le centre de Londres, le fit pour lui. Ils ne s’étaient pas vu depuis leurs études à Poudlard et Ezechiel fut même surpris qu’elle se souvienne de lui. A l’époque il n’était pas vraiment du genre à plaire vraiment aux filles. Et encore moins elle. Elle était plutôt du genre à trainer avec les plus beaux, les plus populaires, ceux qui déjà à 17ans ont l’air d’en avoir 20. Lui n’était que ce type sympa que l’on veut tous comme ami. Mais son image, en même temps que son corps, avait changé avec l’âge. Il était devenu bel homme et peut-être avait elle compris que ces types populaires n’en avaient qu’après son physique avantageux et qu’ils lui tourneraient le dos dès qu’ils trouveraient une nouvelle conquête. Elle l’avait invité à prendre un verre et il s’était retrouvé au trois balais, à la table avec cette jolie blonde, à se remémorer leur passage à Poudlard. Elle avait eu la délicatesse d’éviter d’évoquer Rachel qui alors se trouvait exclue de tout souvenir comme si Ezechiel avait toujours été seul. Il aimait autant cela.
Cette jolie blonde ne lui avait jamais autant sourit. Il n’était pas stupide. Elle lui souriait et le dévorait des yeux depuis leur arrivée. Elle se rapprochait également peu à peu. Ils en étaient à leur 3ème verres et leur soirée s’annonçait plutôt bien. Ce sentiment se confirma lorsque la blonde explosa de rire en posant sa main sur le bras d’Ezechiel. Premier contact étrange. Il frissonna. Mais ce ne fut pas pour cette blonde. Son regard venait de se poser sur le dos et la nuque d’une autre. Une brune. Il aurait reconnu cette silhouette parmi mille. Il la fixa quelques secondes avant de revenir à cette blonde qui de toute évidence lui faisait du rentre dedans. Il échangea quelques banalités avec elle, tentant de garder bonne présence tandis que son esprit n’était plus qu’à cette brune au comptoir. Comment allait-elle ? Il n’en savait rien. Mais elle n’était pas seule. Il y avait ce type là, un élève qu’il connaissait et qu’il n’aimait plus vraiment étrangement. Lui non plus n’était pas seul après tout.
Voyant le jeune gryffondor s’excuser pour se rendre aux toilettes, le professeur se saisit de leurs deux chopes vides et se dirigea vers le comptoir, prétextant qu’il devait en commander deux nouvelles. La blonde ne le suivit pas. Il s’approcha et posa les deux chopes devant lui en arrivant à hauteur d’Alinor. « Deux autres s’il te plait. » Fit-il à l’attention du barman. Il laissa un court silence s’installer, elle l’avait surement remarqué maintenant, là à côté d’elle. Il hésita à la regarder de peur de s’y brûler et se contenta de lui souffler quelques mots. « Comment tu vas Ali ? » Il se tourna légèrement vers elle et l’observa discrètement. « Tu n’es pas venu au cours la semaine dernière.. Enfin ce n’est pas grave pour le cours. Comment tu vas ? » Leur temps était compté. Le gryffondor reviendrait bientôt et le serveur lui donnerait bientôt deux nouvelles chopes qui l’obligerait à revenir à la table de la blonde.

Sometimes, we fall in love
Ezechiel & Alinor

L'e rire de la blonde aux côtés d'Ezechiel retentit jusqu'aux oreilles d'Alinor, faisant se retourner Alinor dans leur direction. Elle eut juste le temps d'apercevoir le mouvement de la femme qui posait une de ses mains sur le bras du beau professeur. Une bouffée de jalousie vint monter jusqu'aux joues d'Alinor. Comment osait-elle? En pensant ces mots, elle se surprit elle-même. Elle n'avait en aucun cas le droit de penser cela. Après tout, Ezechiel ne lui appartenait pas. Ce n'est pas une nuit qui lui donne le droit de s'insurger comme tel. Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher d'être jalouse. Ce devrait être elle à la place de la blonde. Mais la situation était bien trop compliquée pour que ce soit le cas...
"Il y en a qui sont bien joyeux!" S'exclama le gryffondor à côté d'elle, qui regardait dans la même direction. Alinor acquiesça et se retourna, se focalisant sur sa bierreaubeurre et son ami. Elle tenta de ravaler sa jalousie qu'elle voulait à tout prix ignorer. C'était une erreur. Alors pourquoi y penser plus longtemps? Aucune relation ne pourrait jamais les lier, elle l'élève, et lui le professeur. Que lui fallait-il de plus comme évidence? Jamais ils ne pourraient s'afficher ensemble comme un couple. Et un secret de cette taille était bien trop difficile à cacher. Les risques étaient trop grands, pour eux deux. Elle devait se sortir Ezechiel de son esprit. Même si cela lui était si douloureux.
Le gryffondor finit sa bierreaubeurre et lui demanda de l'excuser, il devait se rendre aux toilettes. Alinor lui sourit, et le regarda s'éloigner du bar. Elle s'en voulait de ne pas être autant de bonne humeur ou bavarde, comme elle l'est d'ordinaire. Il ne méritait pas ça, étant un ami à qui elle tenait beaucoup. Mais aujourd'hui, elle n'avait pas la tête à rire. Son cerveau était bien trop occupé pour rire ou bavarder de tout et n'importe quoi.
Deux chopes se posèrent à côté d'elle, brusquement. Elle faillit sursauter. Elle leva la tête vers le détenteur de ces deux chopes et lorsqu'elle le reconnut, son coeur commença à battre plus fort. Il était là, à centimètres d'elle. "Deux autres s’il te plait."
Sa voix la fit frissonner. Cette même voix qui l'avait rassurée il y a quelques nuits. Cette même voix qui lui paraissait si douce à entendre. Elle resta immobile, feignant un air neutre, comme si de rien n'était. Un silence s'installa entre eux deux. Alinor n'osait rien dire. Après tout, qu'est-ce qui lui disait qu'il avait envie de la revoir? Peut-être que pour lui, elle n'était qu'une gamine sans réelle importance? Elle n'avait aucune preuve qu'il éprouve la moindre once de sentiment à son égard. Et pourtant, elle en avait eu l'impression durant cette fameuse nuit. Mais peut-être n'était-ce qu'une fausse idée?
Ezechiel se résout finalement à s'adresser à elle: "Comment tu vas Ali?" Cette phrase pourrait paraître anodine, mais pour Alinor elle était loin de l'être. Il l'avait appelé par son surnom, preuve d'une affection de sa part certainement? Même si c'était difficile à avouer, cette même phrase lui réchauffa quelque peu le coeur. Il s'inquiétait pour elle. Et il enchaîna: "Tu n’es pas venu au cours la semaine dernière... Enfin ce n’est pas grave pour le cours. Comment tu vas?" Elle sentit son regard se tourner légèrement vers elle. Elle réfléchit deux secondes puis tourna à son tour sa tête vers lui et plongea ses yeux dans les siens. Elle n'avait pas oublié qu'ils étaient si beaux.
"Bien. Désolé d'avoir été absente, je ne me sentais pas très bien."
Dès qu'elle prononça ces mots, elle les regretta. Elle avait pris la carte du mensonge, et non de celle de la vérité et s'en voulait. Il était venu vers elle. A son tour de faire des efforts non? Mais les interrogations se mélangeaient dans sa tête: pourquoi faisait-il cela? N'avaient-ils pas dit qu'il fallait tout oublier et avancer chacun de son côté? Elle devait être fixée.
"Pourquoi fais-tu ça? Je croyais qu'on devait tout oublier?"
Elle le provoquait, et chacun de ses mots lui coûtait. Le sentir près d'elle était une torture. Son coeur battait de plus en plus vite. Elle avait envie de ressentir les sensations de cette nuit. De le sentir encore plus près d'elle, et qu'il la regarde comme il l'avait fait. Elle aurait tellement voulu qu'il n'existe aucun interdit entre un prof et son élève. Son seul désir était qu'il la prenne dans ses bras et qu'il l'embrasse, sans se soucier du regard des autres autour d'eux ou des interdictions. Mais c'était impossible, et cela lui fendait le coeur.

© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart

Spoiler:

Le jeune professeur jetait quelques œillades derrière lui afin de ne pas perdre de vue la blonde avec qui il était venu passer la soirée. Non pas qu’il ait peur qu’elle disparaisse, elle pourrait bien filer sans lui laisser son numéro qu’il s’en moquerait bien. Mais il ne voulait pas prendre le risque que cette blonde entreprenante ne vienne parader à son bras, juste devant Alinor. Il n’aurait su passer toute sa soirée à quelques mètres de son élève sans l’approcher, sans lui parler. Il devait s’assurer qu’elle allait bien. Même s’il prenait en pleine face une vérité douloureuse. Même si elle finissait par lui montrer un détachement sans pareil. Il devrait au moins être sûr que cette nuit n’avait pas été souffrance pour elle. Elle lui avait offert sa première fois et bien qu’il soit plus âgé qu’elle, les temps ne devaient pas avoir beaucoup changé à ce sujet. Si les types se moquaient bien souvent de leur première fois, il s’agissait tout au contraire d’une nuit très importante pour la plupart des jeunes filles. Et c’était à lui qu’elle l’avait offerte. Lui qui pourtant n’avait été que l’homme d’une seule nuit. Lui avec qui pourtant elle ne pouvait être. Il lui avait connu pourtant quelques petits amis au sein de l’école et aurait juré qu’elle se soit déjà offerte à l’un d’eux, même une seule fois. Il s’était mépris. Il avait été celui qu’elle avait choisi pour ce privilège et il espérait de tout cœur avoir été à la hauteur. Il n’était pas le genre de type à manquer d’intérêt pour sa partenaire. C’était un jeune homme attentionné et doux. Et il avait redoublé de délicatesse avec la jeune fille. Il n’aurait pas supporté lui prendre cette nuit si particulière comme une vulgaire partie de jambes en l’air. Et pourtant il ne l’avait pas revu. Et pourtant elle n’était pas venue à son cours. Et pourtant elle semblait surprise de le revoir. Il s’adressa à elle comme un ami l’aurait fait, et non comme un professeur. Ici, en ce lieu loin de l’école, il n’était pas son professeur. Il n’était qu’un homme abordant une jeune fille dans un bar.

Bien. Ce fut sa réponse. Et Ezechiel ne put s’empêcher de le regretter. Il n’aurait pour rien au monde souhaité qu’elle aille mal mais il avait peine à entendre qu’elle allait juste bien et qu’elle n’avait manqué son cours que par pure coïncidence. S’agissait-il là d’un mensonge ? Il n’aurait su le dire. Il l’espérait encore bien qu’il ne puisse le montrer. Il se contenta de recevoir ses chopes, cherchant comment rebondir sur un tel détachement auquel il ne s’était pas préparé. Un dernier regard derrière lui, lui permit de constater qu’il lui restait encore quelques secondes pour discuter avec la brune à qui il n’avait cessé de penser. Et à sa grande surprise elle le sortit de son mutisme. Et il aurait aimé que ce soit d’une autre façon. Il n’avait pas rêvé, croyant entendre un zeste de reproche dans le ton qu’elle avait employé. Il se tourna cette fois parfaitement vers elle, posant son bras en appuis sur le comptoir et la fixa incrédule un court instant. Stupéfait. Il ne sut que répondre dans l’immédiat et ses lèvres s’entrouvrir légèrement sans que pourtant aucun son ne s’en échappe. Lui en voulait-elle pour quelque chose ? N’avait-il même plus le droit de lui parler ? Cette nuit là avait elle était si douloureuse pour elle, pour qu’elle ne veuille plus jamais lui adresser la parole ? Devait-il repartir sans jamais reparler de cette nuit ? Il n’était pas homme à fuir et si elle était en colère, il voulait qu’ils en discutent plutôt que de laisser le malaise s’installer.
« Je m’inquiète simplement pour toi, je n’ai pas le droit de m’inquiéter ? Tu ne veux plus que je te demande comment tu vas ? » Osa-t-il tout en la fixant cette fois. Il ne pouvait s’empêcher de revoir leur nuit, leur moment d’intimité si chère. Il la voyait encore au réveil dans son lit, si belle, si parfaite. L’autre type, l’élève de gryffondor ne tarderait pas à venir écourter leur entretien, leur temps était compté. Sans parler de la blonde qui bientôt s’impatienterait.
« C’est ton petit ami ? Je veux dire.. Non oubli on a pas à parler de ça. Je voulais juste m’assurer que tu allais bien. Je te laisse t’amuser. » Il se saisit rapidement des deux chopes et prit le temps de déposer un simple baiser dans les cheveux de la jeune fille avant de rejoindre sa table de nouveau. Il déposa les chopes et avant même que la blonde n’ait eu le temps de repasser à l’attaque, il s’excusa à son tour et s’éclipsa aux toilettes des hommes.